Quel avenir pour les consultants AMOA ERP ?

L’usage des ERP ne cesse de gagner du terrain dans les entreprises.

Projet IT complexe et stratégique à mettre en place, il impacte en profondeur toutes les strates d’une organisation et demande une expertise pointue pour celui qui le mènera à terme.

Il est donc fréquent que les entreprises s’adjoignent les services d’un consultant AMOA (ou Assistance à Maîtrise d’Ouvrage) pour les accompagner dès la genèse du projet ERP.

Mais l’avènement du modèle SaaS pourrait bien venir bousculer en profondeur son rôle dans les années à venir.

Sommaire

Quelle est la place des consultants AMOA dans le paysage informatique actuel ?

Le consultant AMOA joue le rôle d’intermédiaire entre son client (une entreprise) et un prestataire (un intégrateur ou un intégrateur-éditeur de logiciel par exemple) dans le cadre d’un projet de mise en place d’une solution IT.

Voir aussi : Intégrateur ERP ou éditeur ERP : A qui confier son projet ERP ?

Les plus communs – et complexes – seront les projets ERP multi-métiers, au sens large, qui couvrent l’ensemble des flux de l’entreprise.

Compréhension des besoins de son client, analyse des processus internes de l’organisation, intervention dans la réorganisation des services… la phase de cadrage constitue un point clé du consultant AMOA, qu’il réussit à coordonner avec facilité grâce à sa connaissance des métiers (WMS, RH, comptabilité, IT, etc.).

L’étape suivante consiste en la traduction des fonctionnalités techniques recherchées et la formalisation d’un cahier des charges puis la recherche du prestataire ad hoc. Dans la grande majorité des cas, le consultant AMOA présentera les outils qu’il connaît et gérera la contractualisation de la relation commerciale entre son client et l’intégrateur / intégrateur-éditeur.

ERP SaaS

A quels enjeux est confronté le consultant AMOA depuis quelques années ?

La multiplicité des ERP sur le marché

Si le consultant AMOA possède une très bonne connaissance des métiers, il doit régulièrement se tenir informé des nouveautés technologiques qui sortent, notamment les outils SaaS qui sont prolifiques aujourd’hui. Mais cela nécessite de trouver le temps pour le faire, or les AMOA peuvent vite en manquer ! Un avis partagé par Bruno Watine, fondateur d’Archipelia : d’après lui, si le rôle des AMOA est d’arbitrer des solutions pour leurs clients, « il n’est pas rare de constater que les consultants AMOA préconisent plutôt des solutions qu’ils connaissent (ce qui est humain !), dans une démarche plus conservatrice que progressiste en raison d’un manque de temps qui leur est accordé ».

Développement des modèles multi-tenants

Le second enjeu est celui du développement des modèles multi-tenants qui devraient rapidement devenir la tendance dans le paysage des ERP. Reposant sur une approche mutualiste, ces logiciels progressent énormément et couvrent un périmètre fonctionnel étendu avec l’intégration de bonnes pratiques utiles aux entreprises dans leur gestion de l’activité quotidienne. Désormais, on constate que ce sont donc les entreprises qui vont progressivement s’adapter aux ERP – et non l’inverse comme c’était le cas il y a encore quelques temps – modifiant de facto le rôle de l’AMOA.

Lire aussi : ERP multi-tenant ou single tenant : quelle est la meilleure architecture ?

Vers une fusion du métier de consultant AMOA avec celui d’intégrateur ?

Si l’avenir des consultants AMOA est aujourd’hui incertain, il en va de même pour celui des intégrateurs. Lorsque les solutions on-premise étaient encore plébiscitées par les entreprises, l’intégrateur développait les spécificités de l’ERP autour d’un noyau relativement conscrit.

Avec le temps, les spécificités ont laissé la place au paramétrage, plus simple puisque limitant le recodage. Les logiciels SaaS fonctionnent par mise à jour, ce qui bouscule le rôle des intégrateurs, qui « se positionnent comme des paramétreurs de solution », comme l’explique Bruno Watine.

Lire aussi : ERP On Premise : la fin d’un modèle ? Les limites des logiciels ERP non SaaS

Dès lors, il est intéressant de se questionner sur l’avenir du métier d’intégrateur, de la même manière que celui du consultant AMOA. « Ce sont deux métiers pivots qui se rapprochent inexorablement », confie Bruno Watine à propos de ces deux professions.

« Le meilleur modèle serait de fusionner les deux métiers. » D’un côté, les AMOA possèdent une grande connaissance des processus de l’entreprise mais vont devoir élargir leur spectre lors de leur recherche de solutions. De l’autre, les intégrateurs ne pourront plus se contenter de proposer quelques solutions ou de se spécialiser sur des éditeurs comme Microsoft, SAP ou Sage. « Les intégrateurs devront avoir plus d’ouverture, connaître plus d’éditeurs et davantage maîtriser leurs solutions pour pouvoir proposer la meilleure aux entreprises. C’est-à-dire identifier la solution présentant la meilleure adéquation entre les besoins du client et les fonctionnalités proposées ». En fusionnant leurs compétences, celles des uns et des autres seraient utilisées à leur juste valeur. « Les frontières sont en train de se rapprocher », indique le fondateur d’Archipelia.

Par ailleurs, cette alliance des métiers limiterait la déperdition d’informations qui peut arriver lors de la mise en place d’un projet ERP. En effet, il n’est pas rare de constater qu’entre l’analyse des besoins et la rédaction du mémoire par le consultant AMOA, puis la réponse à l’appel d’offre par l’intégrateur, des informations aient pu être omises. Dans ce nouveau paradigme, il n’y aurait plus qu’un interlocuteur !

Pour les entreprises, les avantages seraient donc multiples : moins d’intervenants, une meilleure connaissance des outils, et une pluralité des intégrateurs sur les outils.

Chez Archipelia, le mouvement est déjà en marche. Intégrateur, éditeur et hébergeur français, Archipelia s’oriente vers une intégration totalement externalisée en 2023.

Pour Bruno Watine, « les futurs intégrateurs d’Archipelia doivent avoir une composante AMOA, on ne recherche pas l’exclusivité. L’intégrateur doit avoir trois ou quatre solutions complémentaires qu’il doit bien connaître pour pouvoir les proposer à l’entreprise.» Alors est-ce que l’on assistera prochainement à cette fusion annoncée ?

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