Pourquoi le modèle SaaS modifie en profondeur la relation entre l’éditeur et l’intégrateur ?
Le modèle SaaS n’est pas nouveau. Il faut remonter aux années 2000 pour en entendre parler pour la première fois. Le SaaS est le résultat d’une évolution du modèle ASP (Application Service Provider) qui consistait en des applications gérées et hébergées à l’extérieur de l’entreprise. Néanmoins, il aura fallu attendre un évènement planétaire pour véritablement asseoir sa popularité auprès des entreprises : la crise sanitaire de 2020 et l’émergence du télétravail. Si pour les entreprises et les éditeurs, le modèle a du bon, du côté des intégrateurs, l’heure n’est pas autant à la fête ! Explications.
La progressive suprématie du modèle SaaS
Pour expliquer la popularité du modèle SaaS, il faut d’abord rappeler ce qu’est le modèle On-premise et pourquoi il devrait devenir un marché de niche dans les prochaines années.
Avec le modèle on-premise, une entreprise achète un logiciel comme elle achète un produit classique. Dans la majorité des cas, elle passe par le biais d’un intégrateur qui lui en propose un et s’occupe du paramétrage, de l’installation et de tout ce qui est utile au bon fonctionnement de la solution. Dans le modèle on-premise, la solution est hébergée sur les serveurs de l’entreprise, la laissant :
- Isolée : elle ne peut pas unifier les informations provenant d’autres sources de données ;
- Non mutualisée : elle ne bénéficie pas des paramétrages ou mises à jour intéressants réalisés sur d’autres structures utilisant le même logiciel.
Avec une adoption par les entreprises qui croît de trimestre en trimestre, l’arrivée du SaaS a considérablement bousculé ce schéma. Les raisons de ce succès sont nombreuses.
Premier avantage, le SaaS est un service auquel les entreprises s’abonnent, laissant l’hébergement du logiciel sur des serveurs externes de l’éditeur. La notion de produit auquel se rattache le On-premise, ainsi que de licence à acheter, disparaît avec cette nouvelle architecture. L’intégrateur ne se déplace plus dans les locaux de l’entreprise pour installer le logiciel ; tout s’effectue à distance. Le service est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, depuis n’importe quel terminal.
Second avantage, le modèle SaaS est mutualiste. Chaque mise à jour et chaque évolution profite ainsi à tous les utilisateurs. Résultat, les entreprises accèdent à des périmètres fonctionnels plus larges à un coût réduit, puisque réparti entre elles. En contrepartie, le modèle perd en personnalisation à la différence d’un logiciel on-premise qui s’adapte aux exigences spécifiques du client, sous réserve de développements ad hoc.
Dans le match SaaS contre on-premise, le SaaS se démarque par ses coûts réduits, les gains acquis en matière de déploiement ou d’installation nécessaire, son évolutivité à des mises à jour qui profitent à l’ensemble des “tenants”, et enfin sa sécurité, assurée par un prestataire extérieur.
Si le SaaS est source d’opportunités business pour les éditeurs, il n’en est rien pour les intégrateurs qui doivent réinventer leurs missions face à ce changement de paradigme.
Editeurs versus intégrateurs : un KO annoncé pour les intégrateurs ?
Pourquoi le modèle SaaS reste dévolu aux éditeurs ?
Il est important de rappeler les rôles de l’éditeur et de l’intégrateur. Le premier conçoit et développe des logiciels alors que le second accompagne les entreprises dans le déploiement de ces logiciels.
Le SaaS est donc un service émis par un éditeur, sans besoin de déploiement auprès des utilisateurs. Ainsi, le modèle pourrait même écarter les intégrateurs de l’équation. Jusqu’à présent, ceux-ci développaient les spécificités de chaque entreprise. Aujourd’hui, les modèles SaaS et les éditeurs SaaS ont des périmètres de plus en plus larges et ne requièrent plus forcément de développements particuliers.
Si le SaaS contribue à l’apparition de nouveaux éditeurs, rappelons que certains éditeurs historiques (Cegid, Sage, SAP) peinent à en prendre le virage. Pour eux, développer un logiciel en mode SaaS imposerait de repartir d’une page blanche technologique et de doubler leurs équipes de R&D. Ces éditeurs historiques ont quelques trains de retard sur le SaaS, mais ne pivotent pas pour autant vers le modèle, habitués à survoler depuis plus de 30 ans le marché IT. D’autres ont choisi de faire de l’infogérance en hébergeant les logiciels historiques non plus chez leurs clients, mais dans des datacenters. Néanmoins, ils sont encore loin de présenter tous les avantages du modèle SaaS à leurs clients.
Un rapprochement des rôles d’intégrateurs et d’AMOA à considérer
Si les intégrateurs ne veulent pas voir leur rôle s’éteindre d’ici 5 ans, ils doivent repenser leur modèle et remonter la chaîne de valeur en devenant plus consultant qu’exécutant. En effet, les intégrateurs sont attendus sur leur connaissance des gestes métiers, leur capacité à émettre des recommandations, à former et à accompagner les entreprises dans la conduite du changement. En résumé, devenir des sortes de « DSI délégués ».
Rester dans le modèle actuel n’est plus stratégique et pourtant, ils sont encore nombreux à se reposer sur leurs acquis. D’ailleurs, un rapprochement des métiers d’intégrateur et d’AMOA serait une sérieuse éventualité à envisager, s’ils souhaitent un avenir dans le SaaS. Les AMOA seraient ainsi obligés de connaître plus précisément les couvertures fonctionnelles des éditeurs et d’endosser la responsabilité de la réalisation. Quant aux intégrateurs, cela reviendrait pour eux à s’ouvrir à de nouveaux éditeurs, sans accorder d’exclusivité à certains, et intégrer la fonction AMOA dans leur domaine d’expertise.
Lire aussi : Quel avenir pour les consultants AMOA ERP ?
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